Ce bref essai, précis et cinglant, éclaire avec intelligence ce quest en train de vivre la quatrième génération de Juifs après Auschwitz. La première génération sest refermée sur ses horribles secrets, la deuxième a vécu dans le silence obligé (on ne devait pas "en parler"), la troisième génération a tenté de façon parfois maladroite et excessive de déterrer ces secrets en mettant la Shoah au centre de tout. La quatrième génération est en train de tenter une rupture avec ces attitudes. Après le temps de loubli, puis le temps du souvenir obsessionnel, désormais il faut vivre : bientôt, les derniers rescapés des camps auront disparu. Petite-fille de déporté, Nathalie Skowronek aborde le sujet avec une verve salutaire. Elle évalue le risque, par la mise à distance de la Shoah, de favoriser lantisémitisme ou lopposition à lexistence dIsraël, mais choisit de lassumer. Il ny a là aucune volonté de provoquer, plutôt lenvie de faire partager une réflexion délivrée de toute contrainte mémorielle, et dengager un débat.