Rafaela 02/07/2021
"À Oran comme ailleurs, faute de temps et de réflexion, on est bien obligé de s'aimer sans le savoir". (p.6)
"Question : comment faire pour ne pas perdre son temps ? Réponse : l’éprouver dans toute sa longueur." (p. 29)
"Il y a eu dans le monde autant de pestes que de guerres. Et pourtant pestes et guerres trouvent les gens toujours aussi dépourvus." (p. 41)
"Le fléau n’est pas à la mesure de l’homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c’est un mauvais rêve qui va passer. Mais il ne passe pas toujours et, de mauvais rêve en mauvais rêve, ce sont les hommes qui passent, et les humanistes en premier lieu, parce qu’ils n’ont pas pris leurs précautions." (p. 41)
"Ils continuaient de faire de affaires, ils préparaient des voyages et ils avaient des opinions.
Comment auraient-ils pensé à la peste qui supprime l’avenir, les déplacements et les discussions ? Ils se croyaient libres et personne ne sera jamais libre tant qu’il y aura des fléaux." (p. 42)
"[...] c’était tout ce qu’on pouvait dire, les hypothèses, en science comme dans la vie, étant toujours dangereuses." (p. 52)
"Ils éprouvaient ainsi la souffrance profonde de tous les prisonniers et de tous les exilés, qui est de vivre avec une mémoire qui ne sert à rien." (p. 76)
"En temps ordinaire, nous savions tous, consciemment ou non, qu’il n’est pas d’amour qui ne puisse se surpasser, et nous acceptions pourtant, avec plus ou moins de tranquillité, que le nôtre demeurât médiocre. Mais le souvenir est plus exigean." (p. 78)
"Oui, la peste, comme l’abstraction, était monotone." (p. 94)
"Les hommes sont plutôt bons que mauvais, et en vérité ce n’est pas la question. Mais ils ignorent plus ou moins, et c’est ce qu’on appelle vertu ou vice, le vice le plus désespérant étant celui de l’ignorance qui croit tout savoir et qui s’autorise alors à tuer." (p. 135)
"Il n’y avait plus alors de destins individuels, mais une histoire collective qui était la peste et des sentiments partagés par tous." (p. 174)
"Car l’amour demande un peu d’avenir, et il n’y avait plus pour nous
que des instants." (p. 187)
"[...] le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu’il peut rester pendant des dizaines d’années endormi dans les meubles et le linge, qu’il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l’enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et
les enverrait mourir dans une cité heureuse." (p. 132 et 133)